Le concours d’élégance en automobile est une tradition qui tend à se perdre de nos jours. Il a été un peu dévoyé et parfois même rendu désuet ces trente dernières années. Pourtant des organisateurs et la FFVE tentent de lui redonner ses lettres de noblesses. Un coup de Nénette sur l’aile et c’est parti !
Par Igor Biétry

Après les corsos fleuris en automobile au tout début du XXe siècle où elles incarnaient les vestales, ce sont les femmes qui ont pris le volant des plus belles voitures du monde. Dans les années 20, les concours d’élégance en automobile attirent un très large public dans les endroits les plus chics de l’hexagone. On se rend au concours d’élégance comme on s’enthousiasme au prix de Diane ou aux matchs de polo. Les grandes stations balnéaires : Deauville, Enghien, La Baule ou Biarritz ont leur rendez-vous. Ils attirent non seulement les foules mais aussi et surtout les grands constructeurs, les carrossiers de renom et les selliers aux côtés des maisons de coutures et des mannequins les plus en vogue. Rendez-vous du Gotha, les enjeux dépassent largement le cadre du concours à proprement parler. A l’époque, Delage, Hispano, Delahaye, Bugatti mais aussi Panhard, Rosengart, Peugeot ou Renault profitent de ces occasions pour dévoiler leur plus précieuses fabrications.

© Source BNF-Gallica

Elégance en anciennes

Avec l’essor de la collection des vieilles automobiles, le concours d’élégance avait repris du service à partir de la fin des années 60. De la simple fête de village au rendez-vous prestigieux, voilà un moyen facile de faire de l’animation et surtout de présenter en public les voitures quelque soit leur période de fabrication et leur genre. Les concurrents se déguisent, défilent chacun leur tour, généralement c’est monsieur qui conduit et madame qui sert de faire valoir (ou pas !) de la voiture. Fier comme Artaban, le conducteur répond aux trois questions du speaker sur la cylindrée et l’année de production et repart. C’est facile, pas cher à organiser et ça peut même être très drôle quand l’équipage est cocasse et que l’animateur en rajoute… Las, on est loin de ce que fût les concours d’élégance en automobile des années 20 et 30. D’ailleurs l’élégance à la française n’est pas franchement mise en valeur dans ce contexte… Rares sont les concours du niveau de ce qu’ils furent avant-guerre. A ce jour et jusqu’à preuve du contraire seul le concours organisé par Peter Auto à Chantilly est réellement dans l’esprit, avec des show cars et des mannequins (des vrais !) habillés par des maisons de couture. Entre les deux, il existe un monde.

La FFVE créé une charte
Ce sont les raisons pour lesquelles la FFVE a souhaité proposer un cadre pour se rapprocher de la tradition et normaliser le concours d’élégance afin « de lui redonner ses lettres de noblesse ». La Fédération a ainsi écrit une charte d’organisation disponible gratuitement sur son site internet qui permet d’éviter les impairs trop flagrants. C’est pas parfait, mais ça a le mérite d’exister et de donner un cadre aux organisateurs qui voudraient se lancer dans le genre sans tomber dans la caricature. Ce label donne un repaire pour ceux qui souhaitent participer à des concours aux règles harmonisées. Tous les concours organisés en France par des structures affiliées à la FFVE peuvent postuler à cette labellisation mais seulement 20 d’entre eux, répondant de fait précisément à la charte, sont labellisés chaque année. Dans ces concours, le nombre de voitures est limité. Elles sont réparties par catégorie d’âge. On y présente les voitures sans autoriser les sketchs et globalement on fait du concours d’élégance un spectacle avec de la musique et un jury comprenant notamment des représentants de la FFVE. La tenue de l’équipage, la qualité de la voiture et son niveau de restauration sont les critères prédominants. Et n’oublions pas le coup de Nénette sur la carrosserie, indispensable avant de monter sur le podium, car rien de pire que de la saleté ou de la poussière sur une voiture qui passe sous les projecteurs !